Technique
La cholangiographie par IRM utilise des séquences spécifiques qui produisent une hyper-intensité franche de tous les liquides stationnaires. Aucune injection de produit de contraste n’est nécessaire à la visualisation des voies biliaires.
Les images fournies par la cholangiographie IRM sont très similaires à celles obtenues en cholangiographie directe, mais obtenues d’une façon totalement non invasive.
Il existe une multitudes de séquences susceptibles de fournir des images de cholangiographie IRM : acquisition en coupes fines ou épaisses, temps d’acquisition court réalisé en apnée ou plus long nécessitant des techniques de compensation respiratoire pour limiter les artéfacts de mouvement, acquisition en mode 2D ou 3D.
Les coupes épaisses (15 à 30 mm) en mode 2D vont fournir une cartographie globale de la voie biliaire, réalisant des images en « pseudo-projection », elles sont réalisées dans un plan coronal ou coronal oblique. Les coupes fines en mode 2D, le plus souvent axiales peuvent venir compléter les coupes épaisses sur la zone lésionnelles. Toutes ces séquences sont réalisées en apnée, le temps d’acquisition variant de 1 à 20 secondes.
L’utilisation de séquences 3D permet, au prix d’un temps d’acquisition long (plusieurs minutes) et d’un système efficace de compensation des artéfacts respiratoires, l’acquisition de tout l’arbre biliaire en un seul volume d’acquisition.
Ce volume unique fera l’objet d’une lecture sur station de travail en utilisant les outils classiques de post-traitements (mode MPR avec visualisation en coupes épaisses ou en coupes fines, MIP, 3D, etc.) pour obtenir les clés diagnostiques.
L’utilisation d’agents de contraste négatif de la lumière digestive (Jus d’ananas, jus de myrtilles, Lumirem®) est parfois utile pour éviter les superpositions dues au liquide digestif[5] ,[21] ,[30].
Sémiologie du calcul de la voie biliaire principale
Sur les coupes épaisses, les calculs de la voie biliaire sont visualisés sous forme d’une zone plus ou moins hypointense au sein de la bile (Fig 11).
Comme sur une cholangiographie directe, les petits calculs peuvent être invisibles si leur signal est noyé dans une voie biliaire dilatée. L’utilisation de coupes fines axiales est alors indispensable pour éviter des faux négatifs.
Les acquisitions 3D permettent de jongler entre cartographie globale et coupes fines sur les zones suspectes.
D’autres causes d’erreurs sont possibles en cholangiographie IRM. La présence d’un vide de signal au sein d’une voie biliaire n’est pas spécifique d’un calcul ; une bulle d’air, un caillot ou du Sludge peuvent simuler une lacune intracanalaire.
En cas d’aérobilie, l’utilisation de coupes axiales ou sagittales rattrape facilement le diagnostic en montrant le caractère anti-gravitationnel de la zone vide de signal (Fig 12). Le passage d’une artère pancréatico-duodénale au contact de la partie intérieure de la voie biliaire peut aussi générer un artéfact de vide de signal (Fig 13).
La principale limitation de la cholangio-IRM réside dans le diagnostic des minis et micro-calculs (inférieurs à 3 mm) ainsi que dans le diagnostic des calculs impactés au niveau de l’ampoule.
Si l’on suspecte un calcul enclavé dans la région de l’ampoule de Vater, il est indispensable de réaliser des coupes coronales plus ou moins obliques, sur le bas cholédoque en mode dynamique (acquisition répétée toutes les 5 à 10 secondes) pour visualiser directement l’ouverture du sphincter et le passage de la bile.
La différenciation entre une Oddipathie inflammatoire réactionnelle à une migration lithiasique et un obstacle par petite tumeur ampullaire reste très difficile. Des séquences en pondération T1, avant puis après injection dynamique de Gadolinium, doivent être réalisées dans ce cas, le diagnostic final passant par une écho-endoscopie et une biopsie de la papille.
Performances
De nombreuses séries ont évaluées, depuis plus d’une dizaine d’années, les performances de la cholangiographie par IRM pour le diagnostic de lithiase cholédocienne. Ces travaux montrent que la sensibilité de l’IRM varie entre 80 et 100 % alors que la spécificité est toujours excellente, variant entre 90 et 100 % selon les séries.
Pour tous les auteurs, les faux négatifs, en particulier lorsque l’IRM est confrontée à l’écho-endoscopie, correspondent à des micro-calculs (inférieurs à 3 mm) ou à des calculs impactés au niveau de l’ampoule.
La cholangiographie IRM est aujourd’hui la technique non-invasive la plus performante pour l’exploration des voies biliaires, la recherche d’obstruction et la détection de calculs de la voie biliaire principale.
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